Hier, je suis allé à Rambouillet chez l’équipementier Continental pour assister à des démos sur le thème de la radio numérique terrestre. Un sacré serpent de mer, qui répond au nom de RNT, T-DMB, DAB ou encore DAB+. J’en entends parler depuis 20 ans et je dois dire que j’étais un peu circonspect, vu le peu d’empressement du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) à prendre une décision, étant entendu aussi que les grandes radios nationales sont plutôt contre. Alors, qu’y a-t-il de neuf sur la question ?
La première réponse que l’on peut apporter est que la France est à la traîne en Europe, alors qu’elle était à l’avant-garde du débat technique. Aujourd’hui, plusieurs pays ont déployé un réseau à l’échelle nationale, qu’il s’agisse de l’Allemagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de la Belgique, mais aussi de la Scandinavie (Suède, Norvège, Danemark) et de la Suisse. Chez nous, il n’existe que quelques sites (Paris, Marseille, Nice) où des programmes sont diffusés à titre expérimental. Le paradoxe, c’est que 10 % des voitures neuves vendues en France sont équipées de récepteurs compatibles avec la radio numérique terrestre. Il s’agit de modèles allemands ou asiatiques, à l’image par exemple du Nissan Qasqhqai. Ce qui est plus troublant, c’est que les constructeurs français équipent leurs modèles d’autoradios de ce type pour le marché anglais, où ne pas proposer le DAB serait une faut de goût impardonnable.
Qu’est-ce qu’apporte la radio numérique terrestre ? D’abord, une qualité d’écoute proche du son CD, et en stéréo (j’y reviendrai). Mais aussi : une continuité d’écoute (dans la mesure de la portée de l’émetteur) et la possibilité de faire transiter des données avec une large bande passante (logos, images, liste des programmes, etc…).
Continental nous a fait découvrir la fonction « seamless DAB/FM », qui permet de passer sans s’apercevoir d’un mode à l’autre.
Quand vous activez le réseau DAB, et qu’il existe un émetteur (comme à Rambouillet*, où l’équipementier a le droit d’émettre à titre expérimental), l’autoradio va vous proposer une réception d’exception. On a l’impression d’avoir un son spatialisé, tellement on perçoit les nuances de la musique. Cette magie a pour nom la stéréo.
Quand le son numérique n’est plus disponible, on bascule alors sur le signal FM. La transition se fait instantanément, sans que l’on s’en aperçoive. Toutefois, l’oreille exercée repère facilement les crachotements ponctuels et le son plus compressé. Ca, c’est le revers du son en mono, que l’on retrouve 50 % du temps en écoutant la FM. Evidemment, quand on a goûté, on n’a qu’une envie : rester à la radio numérique terrestre.
L’autoradio avec fonction Seamless DAB/FM a été lancé pour le groupe Fiat dans les pays où ce standard a été déployé. Il semblerait que Renault soit intéressé également.
Mais, parlons à présent de V-Traffic. L’opérateur français d’information trafic est convaincu depuis longtemps que son développement passe sur le numérique. En se basant sur le protocole TPEG, il est possible de faire passer 20 fois plus de données qu’en RDS-TMC, et avec une prime une géolocalisation précise à 100 m près. On peut ainsi afficher sur l’écran de l’autoradio des cartographies animées qui indiquent l'état de la circulation, la vitesse des véhicules et les embouteillages. Il est également possible d’afficher des alertes trafic (accidents, fermetures de routes, travaux, pannes et autres incidents).
Continental a réfléchi à d’autres usages, avec par exemple la diffusion d’alertes enlèvement. Une autre approche consiste à proposer l’envoi ciblé de données, comme par exemple une campagne de rappel de la part du constructeur, ou bien une promotion quand l’échéance de l’entretien approche.
La radio numérique est complémentaire des applications à base d’Internet mobile, certes très populaires, mais qui sont inutilisables en l’absence de réseau 3 G. Et le développement d’un réseau national ne serait pas si onéreux (3 à 5 fois moins cher en tout cas que pour la FM). Cette slide montre qu'en tout cas, d'autres parties du monde se posent moins de questions et prévoient d'augmenter la couverture d'ci 2017.
Mais, comment faire pour convaincre les pouvoirs publics ? Ancien dirigeant de TDF et de Médiamobile, Michel Rénéric a monté une structure qui a pour nom SEPN et qui se veut un intermédiaire, chargé de faire le lien avec les industriels et les stations de radio. Elle anime également un site qui a pour nom R+ : http://rplus.org/.
*Continental Automotive a monté une plateforme expérimentale dans les Yvelines, avec Radio France (FIP, Inter et Culture) et deux radios locales qui sont Yvelines Radio et RVE (Radio Vieille Eglise).