Lors des journées presse du Mondial, j'ai pu m'entretenir avec Bruno Bourguet, Vice-Président en charge des ventes et du développement chez Here, la filiale de Nokia en charge des cartes numériques. je souhaitais faire un point sur le développement des cartes dont auront besoin les futurs véhicules autonomes et connectés, alors qu'un livre "Stop Google*" vient de sortir pour dénoncer la place trop importante que prend le géant de l'Internet dans notre quotidien et qu'il risque d'amplifier en s'invitant dans l'habitacle de nos voitures. Mais, Here pense avoir des atouts pour que les constructeurs continuent à préférer ses cartes.
Le premier argument est que la société capitalise sur 30 ans d'expérience (celle de Navteq, racheté par Nokia), avec une confiance qui lui permet d'être associée 3 ans avant aux projets de nouveaux véhicules et de rester lié au constructeur pour 12 ans de service pendant la durée de vie du modèle en question. Par ailleurs, l'éditeur fait du sur mesure, contrairement à Google qui estime qu'un seul produit suffit pour tout le monde ("one fits all").
De plus, Here dispose d'une technologie comparable à Google avec des véhicules (Here Car) qui collectent jusqu'à 1 Téraoctet par jour de données sur le terrain pour réactualiser les cartes, grâce à un lidar 360 sur le toit.
La vraie différence se situe au niveau de la qualité. Avec une base de données qui prend en compte 2,7 millions de changements chaque jour, la carto intègre les nouveaux axes, panneaux et ronds-points. La mise à jour est d'ailleurs intégrée dans le prix de vente, comme chez Kia, Mercedes et Volvo. Avec le cloud, les cartes apportent en plus un contenu dynamique de qualité, comme la météo, le trafic et les places de parking.
L'avenir est aux cartes ultra détaillées, avec un stockage physique et un complément dans le cloud pour apporter ce qu'on appelle l'horizon électronique. De plus, avec le Big Data, Here peut analyser le comportement du conducteur et lui proposer au choix un mode d'automatisation plutôt typé confort, ou au contraire plus sportif.
Partenaire de Here, dont il utilise les cartes, Garmin travaille aussi avec les constructeurs sur la voiture autonome et connectée. Le fabricant américain prévoit d'ailleurs de faire une démo de son savoir-faire (plateforme Gemini avec 3D ultra réaliste et mise à jour par 4 G ou Wi-Fi des cartes), lors du prochain CES de Las Vegas en 2015.
Lors du Mondial, j'ai aussi revu les gens de chez TomTom. Le grand concurrent de Here travaille bien sûr également sur l'automatisation de la conduite. Il a d'ailleurs profité du salon pour annoncer une collaboration avec Volkswagen sur de futures cartes développées en commun. L'éditeur néerlandais avait déjà initié une coopération avec Bosch sur le même sujet.
*sorti aux éditions Pearson